Il y deux types de parents :
Ceux qui gardent la chambre de leurs enfants telle qu’elle
était : les vieux posters qu’on a adoré, sur lesquels on a rêvé bien
souvent, sur lesquels on a projeté nos phantasmes d’adolescents, le papier
peint défraichi a grosses fleurs, sur la table il y a encore quelques stylos
qui marchent et un carnet qui n’attend que la bille du stylo pour se faire
recouvrir de confidences désuètes, les vieux livres sur les étagères attendent
d’être saisis et lus à nouveau, pour se réanimer, revivre un instant, "l’attrape cœur, le grand-Maulnes, le petit prince, l'alchimiste» tous ces livres qu’on lit quand on a
15 ans….Le lit a toujours sa parure un peu enfantine à gros pois verts, voire à soucoupes volantes, et le matelas
a encore un creux au milieu à la forme de notre corps d’antan… Et si on ouvre
les placards, on retrouve ces robes et ces mini jupes qu’on ne se souvient pas
avoir osé porter (comme quoi on ne devait pas être si complexée quand même vu le peu de tissu du vêtement) et dans lesquelles on ne rentre plus depuis longtemps…Ode à une
époque révolue qui n’existe plus. Quand on rentre dans ces chambres-là, on a
l’impression de se retrouver dans le musée aseptisé et anti-mité de notre adolescence, et, on se
demande comment on a pu trouver cette toute petite chambre aussi grande,
comment on a pu y passer autant de temps dedans, comment l’ennui a fait pour nous
rater dans cette chambre étroite et quand même un peu triste. On se sent étranger à l’adolescent
qu’on a été, on voit bien que nous sommes autre maintenant, et que le nous ado, c’était
un autre temps, et presque une autre personne, qu’on ne reconnaît plus, quelqu’un
du temps passé étranger à nous-même dont on trouve les photos dans les musées jaunis de notre
enfance…
Et puis il y a les autres parents, ceux qui à peine a-t-on
fermé la porte de la maison pour aller à l’université, ont déjà transformé
notre chambre en un deuxième bureau. A peine avons-nous le dos tourné, que le
papier peint est arraché, une peinture blanche lumineuse l’a remplacé. Le lit
et l’armoire sont partis au grenier ou pire à la décheterie, à la place un bureau en bois massif siège
avec son fauteuil de cuir assorti. Les posters ont été décrochés, bye bye James Dean et
Johnny Depp, bonjour Watteau et Monet, à la place des posters, voilà des copies
de tableaux anciens qui apportent
une touche sérieuse à la pièce. Dans cette piece-là, dont on ne sait plus qu’elle
a été une chambre, quand on y revient, on se sent étranger pour toujours à soi,
et on se demande si l’ado qu’on a été, a vraiment existé, parce qu’on n’en a
plus la plus petite trace, il semble s’être évaporé dans les airs, le temps d’une
porte qui se ferme….
Dans les deux cas, quand la porte de l'adolescence se ferme, il n'y a pas de retour, même si de plus en plus d'adultes sont ce qu'on appelle des adulescents, avec leur refus de grandir, considérant la vieillesse comme la pire des abjections, se complaisant dans une semi-état intermédiaire, jouant aux jeux vidéo des soirées entière, zonant sur internet, bloguant à fond la caisse, collectionnant les cadeaux kinders, ou les art toys, lisant des mangas et/ou des BDs....Ce temps-là quoiqu'on en pense est fini et bel et bien passé... Personnellement, même si a bien des niveaux, je peux rentrer dans la définition d'adulescente, je ne regrette pas mon adolescence, ni mes années étudiantes, je ne vis pas dans leur nostalgie, je connais leur poids de douleur et de mal-être, caché par de nombreuses soirées de fêtes, je n'ai aucune envie de revivre cela, au moment où j'ai enfin commencé à trouver une certaine paix avec moi-même.
Ce texte m'a été inspiré par young adult du réalisateur de Juno...
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