Friday 7 September 2012

L’amour est dans le pré…ou pas…










L’amour est dans le pré…ou pas…





Alors j’avoue, des fois je regarde l’amour est dans le pré. Alors, pas pour me rassurer sur ma vie en la comparant à des personnes plus seules que moi, mais parce que de toutes ces émissions de téléréalité, c’est encore celle qui m’effraie le moins sur la nature humaine, parce que les bimbos et les métrosexuels boys décérébrés, cela me tente moyen, et connaître leurs secrets encore moins.

Alors finalement, ces vieux célibataires un peu intimidés, des fois carrément prosaïques, n’hésitant pas à se taper leur deux candidates en se disant naïvement (bêtement ?) qu’elles ne s’en rendront pas compte (comme si ce genre de truc pourrait échapper à une femme, non mais ! mais encore au fond, tu peux les comprendre, c’est une chance à ne pas laisser passer: avoir deux femmes sous leur toit, ca leur évitera le prix d’un bordel, et ca ne leur arrivera surement qu’une seule fois dans toute leur vie), et bien les soirs où je n’ai rien de mieux à faire, j’avoue que je regarde leurs aventures.

Quelques fois, ca arrive même presque à être touchant. Alors je ne comprends pas, je ne pense pas être trop bête, même plutôt vaguement snob intellectuelle à mes heures, ni même voyeuriste, je m’intéresse à des milliers de choses, mais de là à s’intéresser à une émission pareille, je ne comprends pas… Je ne sais pas ce qui des fois m’attire sur M6 le lundi soir.
 Rien n’est vrai dans ces émissions-là, tout est prémédiqué, prévisible, appris par cœur, scénarisé même surement…
Je déteste le lendemain entendre mes collègues de la compagnie ou je bosse habituellement depuis 3 ans, ceux-là même qui s’ennuient tellement dans leur vie que le soir en rentrant chez eux, ils n’ont rien de mieux à faire que de se taper tous les programmes les plus cons de l’histoire de la télé, jusqu’à ce que le sommeil vienne les saisir…et reprendre le lendemain les grands standards de l’émission, et tourner ce pauvres diables en dérision pour seule conversation du lunch, puisque eux aussi, malheureusement, n’ont pas d’autres vies que celle du boulot, et bien souvent pas le temps d’avoir une passion dans la vie qui les fasse vibrer, et leur donne un peu de matière à discuter et à partager à l’heure de midi…Le sujet des conversations des lunchs se partagent donc entre le programme télé ou les derniers ennuis du boulot….la vie passionnante d’une petite compagnie américaine qui déshumanise les gens qui y travaillent (mais c’est encore un autre sujet).

Et pourtant, des gens comme ceux décrits dans « l’amour est dans le pré », j’en ai connu, des solitaires des campagnes profondes qui crevaient de solitude en silence, j’en ai vu toute mon enfance… Je me souviens de ces deux vieux monsieurs que j’adorais quand j’étais petite, et dont je ne comprenais vraiment pas qu’aucune femme n’en ait voulu quand ils étaient plus jeunes. L’un était petit, brun avec de très beaux yeux noisette très doux, toujours un mot gentil pour les gens qu’il rencontrait, son béret gris foncé vissé sur la tête, vêtu d’un pantalon large en toile bleu marine, un ancêtre du jean… Les rares paroles qu’il échangeait avec nous étaient toujours pleines de bon sens, un mot sur le temps qu’il va faire demain, sur les plantes qui poussent bien dans son potager, sur le nuage là-haut sur la montage de Serrecourte qui annonce un gros orage, inattendu dans le ciel bleu de la fin d’été. Les soirées d’été le voyaient assis avec la voisine sur les marches de sa maison à regarder le soleil se coucher, à parler du temps qui passe et des résultats de la dernière chasse, des dernières mésaventures du curé, ou de la fille de la Paule qui vient d’avoir son troisième enfant. Il paraît que quand il était plus jeune, il a été amoureux transi de ma très belle tante Marie-Thé, une superbe blonde aux yeux bleus à la Michèle Morgan, qui elle aussi de manière incompréhensible est restée célibataire… Mais en ces temps là, il y avait un temps pour se marier, et passé ce temps-là, la chance ne repassait pas, le plus tard qu’on pouvait se marier c’était 35 ans, et encore là c’était rudement tard, et on te soupçonnait dans ton dos de vouloir faire une fin…(quelle expression élégante ! faire une fin…quelle horreur ! que diraient-ils donc de moi au à 38 ans ne suis toujours pas mariée et qui pire que tout vit à la colle hors des liens sacrés du mariage LOL).

Le deuxième était surement pas très beau, petit, entièrement vouté et couvert de rides comme une vielle carte toute froissée, mais il avait au milieu de son visage deux grand yeux bleus extraordinaires…On aurait dit qu’un coin de ciel bleu d’été en Provence était descendu sur terre se poser sur la peau de son visage. Enfant, j’ai mangé toutes ses framboises, celles dont les plans bordaient la route…Mon oncle me faisait la chasse, et malgré tout, au petit matin comme à la nuit, je trouvais toujours un moment pour aller piller ses framboisiers. Et pourtant jamais les yeux bleus ne m’ont grondés. Depuis, chaque fois que je goute une framboise, j’ai une petite pensée pour lui, et je revois en un instant ses extraordinaires yeux bleus… Lui paraît-il était tellement timide qu’on n’a même jamais su de quelle fille, il pouvait bien avoir été amoureux, ni qui avait bien pu lui dérober le cœur au détour d’un regard, peut-etre un dimanche…

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