Wednesday, 22 August 2012

L'esprit de la forêt...



Sculpture de Myung-Joo Kim, en vente à l'enfance de l'art, merveilleuse galerie d'Amien

Un tout petit extrait de ce que la sculpture m'a inspirée...

Adrien, dans ce jardin, les soirs d’été, nous racontait bien des histoires. 

Selon lui, l’arbre à plumet rouge venait de très loin, de par delà les mers et les océans, de l’autre coté du monde, du pays au long nuage blanc. Cet arbre aurait conservé le pouvoir de se déplacer. Il disait que dans les temps très anciens, les arbres marchaient et ne restaient jamais au même endroit. Leurs racines étaient plus courtes et plus épaisses. Elles leur faisaient comme de longues jambes, qui donnaient à l’arbre une démarche chaloupée et un petit air dansant. Ils semblaient marcher sur la pointe des pieds, danser gracieusement avec légèreté les bras au ciel dans la musique du vent. Et puis un jour, le vent avait décidé de ne plus jouer de musique, et les arbres ont arrêté de danser. Ils se sont immobilisés, ancrés profondément dans la terre, en laissant simplement les caresses du vent jouer dans leurs branches. Adrien disait que l’arbre à plumet rouge était l’un des derniers arbres dansants et qu’il ne se déplaçait plus qu’à la nuit tombante sous la lune ronde.


Adrien nous racontait l’histoire de No, la statue riante du bassin. D’après lui, c’était un esprit de la forêt qui aurait choisi de vivre dans le jardin, tellement celui-ci l’avait séduit.  Son enchevêtrement, ses petites allées qui se tortillaient le long des massifs et des buissons fleuris, lui avaient plu qu’il était resté là. Il s’était assis au bord du bassin les pieds dans l’eau, une ombre de rire à la bouche, les yeux dans le vague et n’avait plus bougé. Adrien disait qu’il portait en lui l’âme du jardin et que tant qu’il serait là, assis les pieds dans l’eau, la beauté miraculeuse du jardin serait préservée. Elise et moi adorions les histoires d’Adrien. Nous pouvions l’écouter des heures, raconter dix fois la même histoire avec ses menues variations, sans jamais nous lasser. Nous avons pris l’habitude de jouer avec No, comme s’il était vraiment de chair et d’os. Souvent, au plus fort de nos jeux, je crois bien l’avoir vu cligner de l’œil en riant silencieusement.

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