Sculpture de Myung-Joo Kim, en vente à l'enfance de l'art, merveilleuse galerie d'Amien
Un tout petit extrait de ce que la sculpture m'a inspirée...
Adrien, dans ce jardin, les soirs d’été, nous racontait bien
des histoires.
Selon lui, l’arbre à plumet rouge venait de très loin, de
par delà les mers et les océans, de l’autre coté du monde, du pays au long
nuage blanc. Cet arbre aurait conservé le pouvoir de se déplacer. Il disait que
dans les temps très anciens, les arbres marchaient et ne restaient jamais au
même endroit. Leurs racines étaient plus courtes et plus épaisses. Elles leur
faisaient comme de longues jambes, qui donnaient à l’arbre une démarche
chaloupée et un petit air dansant. Ils semblaient marcher sur la pointe des pieds,
danser gracieusement avec légèreté les bras au ciel dans la musique du vent. Et
puis un jour, le vent avait décidé de ne plus jouer de musique, et les arbres
ont arrêté de danser. Ils se sont immobilisés, ancrés profondément dans la
terre, en laissant simplement les caresses du vent jouer dans leurs branches.
Adrien disait que l’arbre à plumet rouge était l’un des derniers arbres
dansants et qu’il ne se déplaçait plus qu’à la nuit tombante sous la lune
ronde.
Adrien nous racontait l’histoire de No, la statue
riante du bassin. D’après lui, c’était un esprit de la forêt qui aurait choisi
de vivre dans le jardin, tellement celui-ci l’avait séduit. Son enchevêtrement, ses petites allées
qui se tortillaient le long des massifs et des buissons fleuris, lui avaient
plu qu’il était resté là. Il s’était assis au bord du bassin les pieds dans
l’eau, une ombre de rire à la bouche, les yeux dans le vague et n’avait plus
bougé. Adrien disait qu’il portait en lui l’âme du jardin et que tant qu’il
serait là, assis les pieds dans l’eau, la beauté miraculeuse du jardin serait
préservée. Elise et moi adorions les histoires d’Adrien. Nous pouvions
l’écouter des heures, raconter dix fois la même histoire avec ses menues
variations, sans jamais nous lasser. Nous avons pris l’habitude de jouer avec
No, comme s’il était vraiment de chair et d’os. Souvent, au plus fort de nos
jeux, je crois bien l’avoir vu cligner de l’œil en riant silencieusement.
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