Friday, 26 October 2012

Perdu/Trouvé


              


       






   
   
      Aujourd’hui, Emile a décidé de partir de partir se promener seul, tout seul comme un grand.
Dans le pré aux herbes hautes, il devient tout à tour : un rêveur couché sur le dos qui regarde passer les nuages, animaux imaginaires, ou bien un puissant magicien devant qui les herbes s’inclinent, ou un chasseur de monstres secrets cachés derrière les rochers, ou bien un coureur solitaire à la foulée lente et puissante, ou encore un aventurier, explorateur de mille mondes perdus et secrets, connus de lui seul.

       Les herbes hautes s’écartent sous ses doigts et révèlent les premiers arbres de la forêt. En jouant à cache-cache avec le soleil, d’un arbre à l’autre, il s’enfonce doucement dans le sous-bois. Emile aimerait bien être un arbre, les orteils bien enfoncés dans la terre et les bras qui s’élancent hauts dans le ciel pour caresser les nuages qui passent du bout des doigts, tendrement. Sa capuche rouge glisse dans son dos quand Emile se met à tourner comme un soleil en regardant le haut des arbres. L’effet est magique, on dirait que c’est la terre entière qui tourne avec lui....

Thursday, 4 October 2012

Le magicien










J'ai un dimanche dans ma manche
Mais qu'est-ce que ca penche
Ca pese un dimanche
Et en plus, ce n'est pas tout a fait étanche
Il mouille ma manche, foutu dimanche!

Les dimanches soirs




















Il existe deux sortes d’être humains.

Ceux pour qui le dimanche soir est un soir comme les autres.

Et les autres…

Ceux qui savent que le dimanche soir est un soir maudit, le soir où la créature qui se tapit au fond de nous se décide à pointer le bout de son nez. Le soir où elle montre sa patte griffue noire. Le soir où le cycle précédent est terminé et en commence un autre, nouveau, diffèrent surement, mais inquiétant sans le moindre doute. Le soir où l’angoisse se montre crâneuse et arrogante, sure d’elle et de sa domination. C’est son soir à elle.

Le dimanche soir, alors, monte une onde sombre, une vague triste et oppressante, comme un frémissement du cœur, un frisson léger sous la peau, des larmes qui restent tapies au fond des glandes lacrymales pas très loin de la surface, le ventre qui se resserre, se tend comme un coureur de fond avant le feu du départ. Les doigts se font nerveux, il faut s’occuper à tout prix, éviter de penser, éviter de ressentir, s’étourdir, vrombir de mille moteurs, de mille feux, courir, de soirées en concerts, de bars en restaurants, pour jouir et surtout oublier le temps qui passe et la fin de quelque chose, écho triste d’une fin inexorable plus terrible encore, annoncée par ce damné dimanche soir.

D’autres encore vont se cacher, se terrer dans leur appartement, tranquillement affronter la bête en un tête à tête mortifère dont on n’entrevoit jamais vraiment l’issue, et qui revient à chaque fin de semaine, cycle qui se répète sans fin.

Je suis plutôt de celles qui choisissent l’affrontement silencieux, tapie dans l’ombre de ma chambre, de mon salon, de ma cuisine, prête à passer à l’attaque à chaque faiblesse de la bête, à chaque fois qu’elle semble détourner la tête où baisser les bras. Et alors commence notre enlacement funeste qui ne s’éteint seulement qu’aux premières lueurs de l’aube, harassées, sans vainqueur ni vaincu, simplement en baissant toutes deux les bras…Jusqu’au prochain dimanche soir…

Wednesday, 3 October 2012

Petits bonheurs d'antan










Je me souviens...
Je me souviens de la sensation douce et piquante sur ma peau. Je respire cette odeur si particulière acre et poudreuse. Un rayon de soleil traverse la vitre fendue de la lucarne et viens me réchauffer. Je commence à avoir chaud. Une gouttelette de sueur coule le long de mon front. L'attente commence à me paraitre longue.
Mais que fait donc Clément?
La paille commence à me piquer et je ressens même des espèces de démangeaisons partout sur la peau. Des démangeaisons vraiment envahissantes. Je me retiens de me gratter pour ne pas trahir ma présence.
J'ai de plus en plus chaud, les rayons de soleil semblent parvenir à me trouver au milieu des brins de paille. Peut-on malgré ma prudence et le soin que j’ai pris à me cacher, parvenir à me deviner? Tout à coup, un bruit vient déranger mon attente. Un raclement grinçant m'indique que la porte d'en bas vient de s'ouvrir.
Des pas lourds montent lentement l'escalier de bois et résonnent dans mon corps comme des coups qui font battre mon cœur plus vite encore. Les démangeaisons deviennent soudainement intolérables. Des dizaines de gouttes de sueurs coulent le long de mon corps. Mes joues me brulent. Les pas se rapprochent doucement. Au moment d'entrer dans la pièce,  ils semblent  hésiter et font demi-tour pour aller dans la chambrette à coté. Il déplace des objets lourds pendant quelques minutes. Puis, à nouveau, les pas se dirigent vers moi. Cette fois-ci, il rentre dans la pièce et se rapproche de là où je suis cachée. Il ne dit aucun mot, j’entends seulement sa respiration lourde qui se rapproche tout près. Il ne semble pas me voir pour l'instant. J'ai l'impression que je vais vomir mon cœur. Celui-ci bat tellement fort qu'il va forcement me trahir d'une seconde à l'autre. J'ai arrêté de respirer comme si je plongeais sous l'eau.....(A SUIVRE)